Contribution La Griffe Aquitaine

Rubrique AdHoc

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Que signifie être adulte ? cette question irrigue le contenu de ce texte, présenté dès le début sous la forme d’un dialogue entre Kant et Rousseau, non sans évoquer à l’occasion maints philosophes des lumières et autres successeurs. La fougue adolescente doit-elle de résigner pour devenir adulte et perdre toutes ses illusions, ses rêves, ses désirs de voyages ? les lumières ne sont-elles pas responsables d’une certaine sévérité éducative qui fait de l’accès à la maturité une érosion progressive des aspirations enfantines, quand selon Kant, « les gouvernements préfèrent avoir des sujets immatures plutôt que des citoyens indépendants » ?

La menace actuelle de la surveillance numérique et de l’IA fait de cette remarque une brûlante actualité. Ce livre fourmille d’anecdotes et commentaires sur les oppositions entre ces deux personnages, l’un prônant la raison, l’autre l’éveil et la rêverie, l’un comme l’autre nous conduisant à la catastrophe écologique actuelle, les progrès scientifiques n’étant pas nécessairement source de plus de bonheur et de liberté. Petite enfance, enfance, adolescence sont passées au crible de l’éducation, des éducations et leurs théories, sollicitant Platon, Socrate, Aristote, puis Hume et les modernes enfin, non sans mentionner que toute doctrine établie suscite inévitablement des réactions sceptiques. Pour devenir adulte, l’auteure convoque Arendt et Heidegger, pour trouver un modèle de maturité qui ne soit pas l’œuvre d’une résignation progressive marquée du sceau du vieillissement. Donc survient la notion de durée qui conduit à faire en sorte que ces contraintes n’aient d’autre objectif que la liberté, quand travailler et créer sont constitutifs de l’art de grandir. La condition de l’homme moderne qui ne saurait être passive, doit conduire à construire son propre monde, engagement actif qui consiste à agir contre les consumérismes et tous les fondamentalismes, contre « les eaux glacées des égoïsmes » et en plaçant la dignité humaine au centre de nos préoccupations.

Ainsi Simone de Beauvoir intervient pour rendre à la vieillesse ses lettres de noblesse, donnant à l‘homme âgé « les visions synthétiques interdites aux jeunes.  Livre divertissant et enrichissant, très référencé, qui nous concerne tous et ouvre sur le « penser par soi-même » dans un éloge à la vie, à ses surprises, ses plaisirs, ses intrigues. Il se conclut sur le paradoxe qui tient à ce que nous nous accrochons tous à cette vie dont nous nous sommes bien souvent plaint, à la recherche d’un monde tel qu’il devrait être.

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L’USAGE DU MONDE