Contribution La Griffe Aquitaine

Rubrique Art

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

C’est par hasard que j’ai découvert cet ouvrage publié par les éditions « Le Tripode » chez un libraire de quartier. Mon œil a été attiré par l’illustration de couverture de Hugo Pratt et le titre « Poèmes » de Rudyard Kipling. En lisant la préface de Dominique Petitfaux, historien de la bande dessinée,  on découvre qu’il s’agit d’une réédition d’un recueil publié en .1993, il nous donne un éclairage intéressant en écrivant : « J’en profite pour glisser à ceux qui ne voyaient en Kipling que celui qui avait défini la colonisation comme une entreprise pénible mais moralement nécessaire que ses poèmes s’attachent surtout à montrer des soldats , pris dans des conflits qu’ils ne font que subir, et que leur seule victoire est d’y survivre » Il y associe Hugo Pratt en rappelant «  Dans ses récits de guerre, Pratt ne chante pas les exploits guerriers, ce qui l’intéresse c’est ce que deviennent les hommes dans cette folie. Ses militaires ne sont pas des héros, mais des soldats perdus, qui essaient de rester humains, et dont le rêve, comme celui des soldats de Kipling, n’est pas de vaincre l’ennemi, mais de vivre en paix »

Le décor étant posé, il ne reste plus qu’à se plonger dans la lecture de la vingtaine de poèmes écrits par Kipling et d’apprécier la trentaine d’aquarelles de Pratt. Le recueil rassemble donc une vingtaine de poèmes, principalement tirés des « Barrack-Room Ballads » paru en 1892. Ces poèmes  donnent la parole à des soldats ordinaires, ces anonymes dont l’Histoire retient rarement le nom. Ici, il n’y a pas de gloire, ni de fanfare : seulement la fatigue, l’attente, la solitude, parfois une pointe d’ironie amère.

J’ai été frappé par cette façon de raconter la guerre de l’intérieur. C’est une poésie qui ne cherche pas à enjoliver, mais qui observe les hommes tels qu’ils sont, avec leurs forces et leurs faiblesses. Les aquarelles d’Hugo Pratt viennent illustrer les poèmes en créant une ambiance particulière. Enfin, la présentation des poèmes en double page en langue anglaise et en traduction française est agréable.

Cet ouvrage est un bel objet artistique, un dialogue entre la poésie, l’art et l’histoire. Et surtout, une lecture profondément humaine. On se laisse emporter par la grâce discrète de ces poèmes qui parlent, en fin de compte d’humain tout simplement humain comme « Gunga Din»

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MOI, JULES CÉSAR