MISERY LOVES COMEDY

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Bd / Polars

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲△△△

Facilité de lecture ▲▲△△△

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Difficile de décrire l’univers de cette BD, mais un conseil : amateur de ligne claire mignonnette, passez votre chemin, vous n’y survivrez pas.

Quelques « strips » (trois cases) suffisent à offusquer les plus expérimentés et à transformer les bergers de la liberté d’expression en censeur tenace. Je connaissais l’auteur par son nom et sa réputation, l’un des papes de la « BD underground » américaine, mais c’est le premier ouvrage que je tiens entre mes mains et c’est certainement l’objet littéraire le plus violent qu’il m’ait été donné de lire. À côté, Orange mécanique c’est le journal de Mickey, American Psycho une douce comédie romantique et La geôle de Selby un savoureux rêve érotique.

Malgré cela certains passages sont d’une drôlerie extraordinaire nonobstant la pornographie sanguinolente presque permanente.

Ivan Brunetti a un style de dessin très propre, très travaillé, très rond, charmant, ce qui contraste violemment avec le contenu nihiliste brutal et ultime.

Collectionneur de pathologies mentales, Brunetti fantasme, érotise, sadise, assassine, éventre, sodomise, décapite, avec une certaine délectation dans ses dessins et c’est peut-être pour cela que c’est son psychothérapeute qui écrit la préface (je ne sais pas si c’est vrai ou si c’est une manière se dérober).

L’ensemble n’étant pas vraiment exprimable, je vais tenter de vous « pixelliser une image mentale » sous la forme d’une liste de mots décrivant l’ambiance :

MONOLOGUES INTERMINABLES – HAINE – PSYCHOTERAPIE – MORT – SODOMIE – TORTURE – LIBÉRALISME – BRANLETTE – SUICIDE – SEXE – POLITIQUE – MEURTRE – PÉDÉS – SANG – MÉTAPHYSIQUE – EXPLOSION – BOUTONS – SPERME – NÈGRE – BITE – MASSACRE – DROGUE – SCATOLOGIE – ALCOOL – VOMI – NAZIS – PEDOPHILIE – PHILOSOPHIE – MISANTHROPIE – CUL – FÉROCITÉ – POILS – AMPUTATION – MALHEUR – VIE – FIST-FUCKING – NO FUTUR – LESBIENNE – AUTOBIOGRAPHIE – PAS D’ESPOIR…

Et malgré tout cela, l’humour et l’intelligence de l’auteur sont fabuleux, sous la provocation permanente la finesse de son écriture reste captivante, c’est pourtant un long monologue très dense qui rend la lecture aussi difficile qu’un contrat d’assurance, mais destiné à dynamiter tous les tabous humains et toutes les morales, occidentales et orientales.

A ne pas mettre entre toutes les mains et sous tous les yeux.

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