ADAM & ÈVE
Contribution La Griffe Vienne
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Stephen Greenblatt, professeur de littérature dans les plus prestigieuses universités américaines, nous propose le récit du récit de la Genèse biblique, à la manière d’un enquêteur sans rien laisser sous le tapis.
Ce modèle archétypal des sociétés Judéo-chrétiennes est une réponse aux questions de l’homme sur l’origine du monde et sur sa propre origine.
Œuvre littéraire collective qui est précédée par une longue tradition orale.
Greenblatt convoque de très nombreux témoins pour mener à bien son enquête :
Le premier témoin n’a pas de nom mais ses textes nous sont parvenus : l’histoire d’Adam et Eve, une histoire cachée qui dit ce que les versets de la Genèse ne disent pas, fruit de l’imagination de ou des auteurs et traduisant la volonté de donner vie aux personnages du récit et ainsi parler au lecteur.
Stephen Greenblatt va faire parler tous ses témoins, scruter leurs vies, mettre en lumière leurs contradictions, et s’il le faut, les confondre.
La liste des témoins est longue, très longue et dessine une fresque littéraire.
Certains sont animés par le désir de dépasser la lecture littérale des textes bibliques et proposent des lectures anagogiques et allégoriques.
S. Greenblatt s’attarde longuement sur Augustin d’Hippone et la notion de péché originel. Le temps de l’interprétation est révolu : le texte dit la vérité et cette vérité sert de pilier à l’Eglise.
Il s’interroge sur le témoignage des artistes et sur les représentations symboliques d’Adam et Eve : Masaccio, Van Eyck, et surtout Albrecht Dürer et sa recherche quasi mystique de la beauté.
Il donne alors la parole au poète, choisi John Milton et son poème épique le Paradis perdu et décrit l’humanité d’Adam et Eve : il les fait parler, les rend autonomes, libres.
S. Greenblatt fait rebondir son enquête et cite de nouveaux témoins : y avait-il des humains vivant à l’extérieur du Paradis ?
Christophe Colomb, Bartolomé de las Casas découvrent des terres inconnues des peuples, des coutumes.
L ‘histoire contée par la Genèse perd de sa pertinence et Isaac La Peyrère propose un autre récit.
La chute du récit biblique était devenue inexorable.
La Renaissance et la redécouverte des textes anciens allait créer de nouvelles fissures dans la généalogie biblique.
S. Greenblatt appelle son dernier témoin : Darwin et son récit évolutionniste étayé par les travaux des géologues.
La conclusion de ce livre de S. Greenblatt est surprenante : l’observation des chimpanzés dans la forêt.
Il appartient aux lecteurs de poursuivre le récit.