Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲△△△△

Une mystérieuse et internationale « Organisation Sigma » se donne pour rôle d’éradiquer le subversif en ce monde. Ici en Suisse (qui est un monde à part, je le conçois), sa pluie froide, ses villas cossues en bord du Léman, son jet comme une baleine échouée et pathétique.

Il s’agit, pour l’organisation, de neutraliser une œuvre peinte récemment découverte du plus grand artiste suisse du 20ème siècle, et aujourd’hui disparu. Monochrome ? Monotone ? Une onde vibratoire (lu dans un catalogue… je le jure) ? Estompage des obsessions ? Effritement de l’être jusqu’à l’outre blanc ? On n’en saura rien de plus de cette abstraction pure.

Tout l’intérêt du roman réside dans les comptes-rendus des Agents de Sigma sur les Cibles allouées. Cibles visées : directeur de banque, galériste, savant, actrice, femme-de. Les agents établissent des rapports repris et jugés par la hiérarchie, qui valide ou pas.

Là réside l’intérêt du bouquin. Rapports, et c’est intelligent, pleinement littéraire. Causticité, humour, sensibilité. Les assistants jouent leur rôle à la fois sérieux et détaché d’espion, tant ce monde de l’après- art est futile, comme les cibles jouent le leur, faignant de croire qu’il est la vraie vie.

Venant en au fait : Comment lutter contre ce que l’on ne peut empêcher ? Ici d’être exposé ? Le meilleur moyen est encore de le noyer. (Je sais, on est en bord de lac), de le noyer parmi le fatras des autres toiles du Maitre (souvent de jeunesse). Y ajouter boutique, librairie, puzzle et découpage (l’art expliqué aux enfants), gardien de jour et de nuit, fonds de roederer sur pelouse ultra tondue, vedettes du spectacle et rappeurs. Ainsi que tout le Saint-Frusquin préparatoire des journalistes et experts en tout.

Bref, empêcher la réflexion... Passer devant les tableaux, l’esprit ailleurs (et enjoué) sans prendre le temps de se consacrer à l’un pour pouvoir faire le tour de tous et de tout.

Reste-t-il des petits fours ?

Métaphore moderne qui fait le jeu des pensées uniques. Le but est alors atteint, confortablement, lénifiant, lissé, feutré, comme un bon Havane à la fumée de cuir, fumée qui enveloppe les contours et voile les expressions du visage.

Nous sommes, c’est entendu, en bonne compagnie. Oui, mais laquelle ?

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