Les rêves ?
Le dessin de gauche provient du Livre Rouge de Jung achevé vers 1930 (page 107), celui de droite provient du Scivias (3° vision, 1ère partie), écrit par Hildgarde de Bingen vers 1150.
L’inverse aurait pu être une autre réalité ?
La transcription des rêves ou visions de ces deux monuments de la pensée occidentale est passionnante à étudier.
Les deux dialoguent avec les images qu’ils ont conçues exprimant leurs visions. C’est l’inconscient pour Jung et une voix divine pour Hildegarde de Bingen qui les conduisent à écrire puis dessiner ou dessiner puis écrire, nous ne le savons pas.
En revanche chaque dessin est parlant, il devient un outil de tête à tête avec soi-même.
Ces deux ouvrages n’avaient pas comme but premier d’être diffusés.
Ils racontent leur expérience intérieure, leur évolution spirituelle, et s’ajoute une dimension mystique pour Hildegarde de Bingen.
Ces deux livres sont une source inépuisable de réflexion sur la nature humaine, sa psyché, sa créativité et sa spiritualité.
Ces deux livres traduisent la relation de l’œuvre d’art créée pour le dévoilement de la vérité et non pour sa beauté intrinsèque. Les dessins sont d’une extrême qualité, les détails parfaitement soignés. Malgré tout, il n’y a pas d’autre finalité que l’art pensé pour lui-même. L’art pour ouvrir un monde. L’art comme un dépassement de l’objet qu’il est.
Pour les curieux, et germanophones, le site de l’Abbaye Ste Hildegarde (Rüdesheim am Rhein) propose l’ensemble des miniatures avec les explications (à retrouver ici). Une version française est accessible en ligne sur le site de Narthex (Menu : Réflexions puis Écrits mystiques).
Le Livre Rouge a été édité en fac-similé en 2011. Seuls 2.000 exemplaires ont été tirés. De temps à autre, un exemplaire se retrouve sur le marché. On trouve en Livre de Poche, le texte complet, sans les illustrations.
À gauche la vision de la Trinité d’Hildegarde de Bingen (2° vision du Livre II). À droite, page 127 du Livre Rouge. Le titre est « L’amour triomphe », et le commentaire en bas du dessin dit « Cette illustration a été terminée le 9 janvier 1921, après qu’elle eut attendu, inachevée pendant 9 mois. Elle exprime je ne sais quelle sorte d’affliction, un quadruple sacrifice. Il ‘agit de la roue implacable des quatre fonctions, l’être accompli par le sacrifice du vivant. »