Le livre des neuf Rochers
Contribution La Griffe : -Lorraine
Rubrique Métaphysique
Un dialogue avec la Tradition et l’Origine
Recommandation de lecture ▲▲▲▲▲
Intérêt général ▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲▲
Voici une belle histoire issue de la mystique germanique du 14e siècle. Une parabole très simple, mais loin d’être simpliste. Elle permet à tout un chacun d’entrer dans la spiritualité rhénane sans être théologien, érudit ou mystique. L’auteur (supposé) Rulman Merswin, met en place un dialogue avec « La Présence » qu’il appelle « Mon Doux Ami » que l’on peut envisager sous différentes formes, mais qui est Dieu. Dieu parle d’une manière assez véhémente, comme dans l’Ancien Testament. Il s’en prend violemment à la chrétienté, il ne supporte plus les « hommeries », les papes, les évêques, les cardinaux, les curées, les artisans, les paysans et même les béguines.
Au-delà de la critique ouverte et violente de la chrétienté, nous découvrons « l’image » de la montagne des neuf rochers. Au bas de la montagne, le monde terrestre avec ses rivières qui s’étendent aux mers. Dans ses eaux, une innombrable quantité de poissons (les Hommes) suivent le courant en évitant les filets des pêcheurs. Ceux qui sont arrivés au bout de la mer rebroussent chemin, après de nouvelles épreuves et des pertes, le restant revient au pied de la montagne. Les plus courageux cherchent à escalader le premier rocher, c’est la première étape pour quitter le monde terrestre. Les survivants à ce périple cherchent à gravir le deuxième rocher, etc.
Il s’agit donc de renouer avec « l’Origine », pour cela il faudra renoncer à toute « volonté propre » et atteindre le troisième rocher pour se détacher du monde terrestre en prenant garde de ne pas retomber dans les filets du diable qui retient les hommes prisonniers dans ce monde matériel. L’objectif étant de ramener notre âme au sommet du neuvième rocher pour spiritualiser l’être. Cette fabuleuse parabole, très riche en philosophie chrétienne et dont il faut parfois faire abstraction des dogmes, fait écho pour moi à de nombreux écrits orientaux, que ce soit du côté de Bouddha ou du côté du monde arabe, les histoires apparemment simples recèlent une poésie et des messages primordiaux qui éclairent le parcours spirituel d’un maçon.
J’ai adoré cet ouvrage, pour son accessibilité, son humour, sa causticité, son universalité spirituelle et surtout pour la modernité qui s’en dégage.