Contribution La Griffe Aquitaine

Rubrique Métaphysique

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲△△△△

Francis Wolf, philosophe moustachu et sérieux, ancien directeur de la philosophie à Normale Sup, parfois un peu fastidieux à lire – ce n’est pas de la philo-spectacle comme à la télé – va au fond des choses.

Il éclaire les modes de pensée qui se sont installés dans notre Occident sans qu’on y prenne garde, qu’on finit par trouver normaux, voire judicieux : ce qu’on appelait en Grèce la doxa.

Sur le sujet – la vie a-t-telle une valeur ? – il remarque qu’on admet aujourd’hui comme un dogme l’idée de la « primauté du vivant » ; la vie comme valeur suprême, idée à l’origine notamment de la mouvance antispéciste : ma vie ne vaut pas plus que celle de la vache, de l’arbre ou de la paramécie. Wolf démontre l’absurdité crasse de cette affirmation en tant que valeur éthique. En effet la vie biologique a pour caractéristique de se perpétuer, et ce par la prédation, au détriment de la vie des autres : le loup mange l’agneau, qui mange l’herbe, qui absorbe les micro-organismes, Si seule la vie compte, la question est : laquelle ?

Comment en est-on arrivé là ? C’est lorsque la théorie de « l’exploitation » marxiste a été remplacée par Foucault et Bourdieu par celle de la « domination ». Toute domination devant par définition être éradiquée, on a cherché le « dominateur systémique », responsable à la fois de l’asservissement colonial, de la soumission de la femme, de la crise écologique et de la fin du monde à venir. Un seul porte toutes ces tares : c’est l’humanisme. Il doit être éliminé.

Wolf rappelle que la seule vie dont la valeur est sacrée est celle qui habite l’Homme ou qui est habitée par l’Homme. A transgresser ce fondement de l’humanisme, l’écologie politique fourvoie la gauche traditionnelle dans des contradictions inextricables, n’hésitant pas – eux les gens de l’émancipation par la Culture - à désormais défendre l’idée que la Nature se trouverait bien mieux, rendue à sa sauvagerie, sans l’Homme.

Un livre salutaire donc.

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