Prix littéraire des Rencontres Écossaises :
la sélection officielle de l’édition 2024
En 2022, le premier prix des Rencontres Écossaises a distingué Frédéric Lenoir pour son ouvrage consacré à Jung (Albin Michel) : Jung, un voyage vers soi. En 2023 il a été décerné à Françoise Schwab pour son livre : Vladimir Jankélévitch - Le charme irrésistible du je-ne-sais-quoi publié également chez Albin Michel.
Cette année, 11 ouvrages ont été sélectionnés et vont concourir pour le prix 2024 qui sera remis à Angers le 5 octobre prochain dans le cadre des 40e Rencontres Écossaises.
Dans cette attente, nous vous souhaitons d’agréables lectures !

ÉLOGE SPIRITUEL DE LA TENDRESSE
Pour Saint Bernard de Clairvaux, « nous sommes des vasques, nous ne pouvons donner que ce qui déborde ». La tendresse est ce débordement, ce surcroît, ce qu'il nous reste à offrir quand on a donné le nécessaire, comme un supplément de vie. Cependant, les obstacles pour s'épancher et manifester de façon juste la douceur du coeur sont nombreux : peur, endurcissement, orgueil. Il faut les débusquer.
C'est finalement par une approche très concrète dans nos relations que l'on découvre et fait grandir les bienfaits de la tendresse dans le couple et la famille, mais aussi dans nos relations professionnelles et sociales comme dans l'Église.

LE PLUS BEAU RESTE L’INEXPRIMÉ
Écrire depuis le silence est presque un paradoxe, de ce silence qui dit tout, au-delà de mots. Et pourtant l’auteure parvient à nous en livrer tous les possibles. Pour elle, ce silence est riche et plein de cet insondable qui nous enseigne une voie au-delà de toutes croyances, qui nous plonge dans une profondeur intime. L’inexprimé ici est sacré et le souffle devient créateur. L’auteure nous invite à nous reconnaître et même à nous guérir par le discernement qui précède une descente en nous-mêmes avant de nous mener à l’élévation.
Préface de Bertrand Vergely.

SUIS-JE LE GARDIEN DE MON FRÈRE ?
Dans une lecture originale et inspirante du récit tragique de la Genèse, Béatrice Surchat nous amène à changer de regard sur cet antihéros biblique, faisant de lui le premier apprenti de la responsabilité. Alors que ses parents, Adam et Ève, avaient reçu un ordre clair auquel ils ont pourtant désobéi, aucune injonction n’a été adressée à leur fils aîné. Sa grandeur, par-delà son acte, est de s’approprier une exigence éthique dont il ignorait tout.

L’HOMME SANS MOI
Luttant à la fois contre le culte moderne du moi et le communautarisme qui divise les hommes, ce livre révèle la fonction civilisatrice du Je.
Qu’il s’agisse du moi de chacun ou du nous qui n’en est que la forme agrandie, nous devrions rechercher et revendiquer la sacro-sainte « différence » entre moi et les autres, entre nous et les autres. L’ambition de L’Homme sans moi est de démontrer le caractère factice de ce moi largement imaginaire en le distinguant nettement du Je de l’homme conçu comme un être portant en lui-même une dimension cosmopolitique, capable par la pensée de changer de place, de se comprendre lui-même comme l’un des référentiels possibles du monde commun.

L’INSOLENCE DES MIRACLES
Et pourtant, tous ces cas ont été authentifiés par des témoins, des scientifiques, des historiens, des instruments de contrôle. Mais relèvent-ils de l’intervention divine ou des capacités secrètes de l’être humain ?
À l’heure où la foi paraît s’incliner devant la peur, Didier van Cauwelaert nous offre, avec cet ouvrage hautement documenté à l’humour percutant, une profonde réflexion et un formidable message d’espoir.

CROIX DE CENDRE
Un texte exceptionnel, tout à la fois roman d'aventures, fresque historique, étude théologique et policier médiéval. Deux jeunes frères dominicains se rendent à Toulouse pour trouver le précieux papier sur lequel leur prieur entend écrire le récit de sa vie.
Et sa confession risque de faire basculer l’Eglise en révélant la vérité sur les origines de la Peste et la façon dont elle fut liée au destin de son maître, Eckhart de Hochheim, dit Maître Eckhart, théologien mystique et prêcheur le plus admiré de la chrétienté. Puis maudit.

ÉLOGE DE CE QUI NOUS LIE
Cet ouvrage s'attache à dissiper un malentendu : notre modernité serait fâchée avec les rites, qui appartiendraient à un ordre dépassé. Or, on s'aperçoit que les rites sont partout présents, à tous les niveaux de la société : de nos interactions quotidiennes aux moments de convivialité institués, jusqu'aux grandes cérémonies religieuses, politiques, médiatiques et sociales : tout est rituel !
Pascal Lardellier est professeur à l'université de Bourgogne. Il a notamment publié, chez le même éditeur, S'aimer à l'ère des masques et des écrans.

PÊCHEURS DE PERLES
Walter Benjamin collectionnait amoureusement les citations. Dans la magnifique étude qu’elle lui a consacrée, Hannah Arendt compare ce penseur inclassable à un pêcheur de perles qui va au fond des mers « pour en arracher le riche et l’étrange ». Subjugué par cette image, je me suis plongé dans les carnets de citations que j’accumule pieusement depuis plusieurs décennies. J’ai tiré de ce vagabondage les phrases qui me font signe, qui m’ouvrent la voie, qui désentravent mon intelligence de la vie et du monde.

DÉSERTER
Quelque part dans un paysage méditerranéen orageux familier et insaisissable, en marge d’un champ de bataille indéterminé, un soldat inconnu tente de fuir sa propre violence. Le 11 septembre 2001, sur la Havel, aux alentours de Berlin, à bord d’un petit paquebot de croisière, un colloque scientifique fait revivre la figure de Paul Heudeber, mathématicien est-allemand de génie, disparu tragiquement, resté fidèle à son côté du Mur de Berlin, malgré l'effondrement des idéologies.
La guerre, la désertion, l’amour et l’engagement... le nouveau roman de Mathias Enard – vif, bref, suspendu – observe ce que la guerre fait au plus intime de nos vies.

LA FIN DES PHÉNOMÈNES
La fin des phénomènes n’est pas la fin du monde. Seulement l’essoufflement d’un monde. C’est la dissipation, que l’ère numérique a précipitée, du mode d’évidence propre à la représentation comme relation franche d’un sujet à des objets. Ceux-ci ne sont plus perçus ni pensés comme des « entiers », car ils sont soumis à des processus de réduction (dissolution) qui n’ont de cesse de dynamiter l’unité clairement dessinée qu’ils présentaient tant pour l’esprit que pour la sensibilité.

DU HÉROS À LA VICTIME
Autour des années soixante et soixante-dix du siècle dernier, un bouleversement anthropologique s'est produit en France et dans la plupart des sociétés occidentales : le modèle du héros qui prévalait jusqu'alors et dictait nos comportements a cédé la place au modèle de la victime. Que nous ne soyons désormais plus requis de nous comporter en héros mais invités à nous constituer en victimes, c'est un fait dont on convient généralement. Mais on ne s'était pas jusqu'à présent interrogé sur les raisons et les modalités de cette mutation.