LA SPLENDEUR DU MONDE
Contribution La Griffe Paris
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲△△
« C’est beau » : à partir de ces trois mots que nous utilisons dès qu’un sentiment esthétique nous envahit, l’auteur nous guide non pas vers une définition de la beauté mais dans son irruption même à travers une trentaine de chapitres.
Quels paysages, quels tableaux, quels moments nous permettent de ressentir immédiatement la beauté d’un objet, d’une image, d’un lieu, d’une rencontre ? Et pourquoi donc sommes-nous touchés ainsi par la beauté, par toutes sortes de beautés ?
Il n’y a pas qu’une seule beauté et ce qui importe, avant tout, c’est ce moment imperceptible, indéfinissable, quasi miraculeux, cet émerveillement, cette splendeur qui irradie en nous.
Nous la percevons tout à coup, elle s’immisce brutalement dans notre conscience, notre inconscient, dans notre être au plus profond.
Tout est susceptible de beauté, même la chose la plus anodine, la plus terre à terre, la plus rudimentaire, la moins subtile. La beauté n’est jamais grossière.
Mais n’y a-t-il pas un travail à accomplir sur soi pour reconnaître une beauté que l’on n’avait pas perçue tout de suite, faut-il réfléchir, penser une beauté hors de nos critères habituels ? Et s’il fallait apprivoiser ce que l’on n’aime pas d’emblée ?
Avec Laurence Devillairs, on s’écarte d’une analyse épistémologique, on s’écarte d’une rationalité qui nous expliquerait savamment la beauté. Son livre est un partage, une communion temporaire avec le beau qui est avant tout un choc. Quel plaisir d’entendre le dire de cette agrégée de philosophie, ce plaisir à retrouver en soi-même. Pas de thèse ni d’analyses en 500 pages sur la beauté comme ont pu le détailler, à l’envi, les philosophes depuis Socrate à Heidegger sans oublier Kant, Nietzsche et autres célébrités.
L’auteur ménage des moments de réflexion pour énoncer ses idées, quasiment à haute voix, comme si en se parlant, elle nous parlait, nous faisait entrer dans son « expérience esthétique cruciale », dans son intériorité.
Pourquoi chercher vainement à définir la beauté alors que le beau s’impose à nous, absolument ?
Nous sommes tous des victimes de la beauté. Nous en avons un besoin vital, primitif. Elle est signature absolue de notre humanité dans son immanence et sa transcendance simultanées et Laurence Devillairs notre éclaireur.