Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Décembre 1951, Ernesto Guevara et Alberto Granado, jeunes étudiants en médecine enfourchent la « poderosa » (la vigoureuse), une Norton monocylindre de 500 cm3 de 1939. (Entre nous et d’expérience, si vous voulez faire de la mécanique, achetez une Norton. Vous voulez rouler ? … Alors oubliez !)

Bref, c’est parti pour sept mois et une virée de 8000 kms de Buenos Aires plein sud, jusqu’à Puerto Monte, Chili, puis Santiago, La Paz Bolivie, Lima Pérou, Bogota Colombie, Caracas Venezuela. Une traversée que suivra Deserable « sans raison ni délai » en 2024, avec un copain et dont on peut suivre le parcours sur une carte jointe (merci !).

Le risque était grand de mettre ses pas dans les leurs. Pour l’auteur, « ce serait réduire les motivations du jeune Ernesto à la lumière du mythe qu’est devenu le Che ». Or les deux G voulaient simplement voir du pays et ce n’est au retour « qu’Ernesto abandonnera son existence aux exigences d’une cause qui le dépasse ».

Il est des choix suprêmes qui sont quelque part révolutionnaires…

« Le coté transcendant de notre entreprise nous échappait, notait Ernesto, nous ne voyions que la poussière du chemin »

Deserable suit assez fidèlement, mais avec la distance et l’humour de ce qui est incongru et terrible, ce fil d’Ariane, prétexte à voir le monde ... Davantage être dans le monde et à chaque départ « ressentir l’amertume des sympathies interrompues ». On ne « fait » pas un pays, on le parcourt en ajoutant les unes aux autres les petites (et parfois dangereuses) expériences.

« Se hace camino al andar » (*)

L’auteur nous embarque, d’une écriture claire, à parcourir cette « Amérique Majuscule » dramatiquement exubérante pour cacher ce qui n’a pas changé : la pauvreté extrême de la majorité jouxtant la richesse déplacée d’une minorité.

Ah si ! Il faut y ajouter aujourd’hui la violence, la corruption et la peur. Ca va mal … mais ça ira … Résilience.

Alberto trouvera du travail à Caracas, Ernesto terminera sa médecine et on connait le déroulement qui le conduira, huit ans plus tard, à Cuba.

Il reste alors au voyageur à « donner son poids de papier aux sensations », et repartir.

La Norton ? On peut la voir dans plusieurs petits musées de cambrousse.

Une relique, comme la Vraie Croix. Le peuple, lui, n’a pas oublié.

(*) Machado

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