L’OEIL DU LÉOPARD

Contribution La Griffe Aquitaine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Henning Mankell est un auteur suédois l’un des maîtres incontestés du roman policier. Il s’est également imposé en littérature. Il partage sa vie entre la Suède et le Mozambique. Il nous propose ici un roman qui est une errance.

En 1950 Hans Olofson, un adolescent, est élevé par son père rustre et alcoolique dans un petit village du Norrland suédois. Il perd ses deux seuls amis l’une, Janine, d’un suicide,  dont il se sent responsable l’autre, Sture un adolescent de son âge, devenu tétraplégique suite à un pari stupide. Il décide alors de partir en Afrique sur les traces d’un missionnaire suédois afin de réaliser le rêve de Janine. Il arrive en 1969 à Lusaka capitale de la toute jeune république indépendante de Zambie ou règne la violence et la corruption, où il pense ne rester que quelques jours il y restera dix-huit ans. L’Afrique le fascine et l’effraie en même temps.

Il découvre un monde ou chacun est enraciné dans ses positions. Les blancs enfermés dans leur racisme et les noirs obéissants mais cultivant la haine des blancs. Noirs et blancs ne se mélangent pas .Tout cela sous une chaleur torride qui contribue à créer un climat anxiogène.  Devenu producteur d’œufs presque par hasard il essaye de mettre en place ses idéaux de justice humaine et sociale. Il crée une école, augmente les salaires de ses ouvriers et les responsabilise. Olofson souhaite être différents des autres blancs, comprendre les noirs à défaut de devenir leur ami. Cela restera un vœu pieux, tout basculera dans la haine et il rentrera en Suède.
C’est un livre noir qui nous montre le parcours chaotique de cet homme, balloté entre son village et l’Afrique, celui-ci ne trouvant sa place nulle part. Les chapitres concernant l’Afrique sont saisissants chacun campant sur ses positions, le clivage s’agrandit dès lors que tout cela ne peut que basculer dans la haine. Ce livre est « une très belle interrogation sur l'homme et ses rêves impossibles, ses idéaux pleins de naïveté, sa solitude infinie. »