Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Tout d’abord merci à celui qui m’a offert ce livre, car j’ai passé de bons moments en compagnie, une fois de plus, de ce vieux renard vadrouilleur, ici grimpeur, de Tesson.

Accompagné de son équipe (guide et photographe) il escalade les aiguilles maritimes, ces « piliers de la mer » (sea stacks) isolés de la côte, derniers vigiles pour quelque temps encore.

L’aiguille d’Étretat en est un bon exemple. (Aiguille creuse, France, craie à silex, 55 mètres, 5c, canot à rames) Ces épines dans la mer, quelle frontière piquent-elles, ces piliers, que supportent-ils ? Il ne tient qu’à nous d’embarquer dans le ressac qui blanchit leur pied, se coller à la paroi enduite de guano acide pour déboucher dans la lumière coiffante et le vent sur le minuscule sommet. Redescendre et recommencer plus loin.

12 ou 180 mètres de hauteur, éloignés de la côte ou la jouxtant, froid de morse ou douceur des îles, ce sont 106 stacks gravis de par le monde (carte jointe). Grimper ce qui résiste davantage que le rivage qui s’efface en reculant plus rapidement, Tesson l’apparente à un acte de dandy : Détachement et lucidité de ne pas être dupe, nous aussi nous disparaitrons. Quel stack aurons-nous alors été ?

L’auteur, comme dans « Blanc » tire d’une répétition de situation, hier l’univers cotonneux de la montagne, ici celui de la mer et de sa liaison à la terre, une réflexion toujours renouvelée, intelligente et sensible, teintée d’humour. Un partage de sentiments et non un cours de philo. Le stack « n’est plus vraiment la terre, pas encore la mer ». État de résistance, détachée, l’aiguille est « un refus, une utopie donc », qu’il faut vivre…

Car n’appartenant plus à l’ensemble, « les stacks ont rejoint ce qui ne survit que hors du groupe : la liberté. »

Pensée profonde… (et beaucoup d’autres), le stack est une métaphore : axe de rotation du monde, veilleur, et témoin, car tant qu’il en « reste un (homme) debout, personne ne sera tombé » disait Victor Hugo, défenseur des proscrits.

Belle espérance …et valeureux combat !

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