MAHMOUD OU LA MONTÉE DES EAUX

Contribution La Griffe Aquitaine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲△△△△

Antoine WAUTERS, est un écrivain belge, philosophe et poète, qui accumule de nombreux prix littéraires, dont pour ce livre (Prix Marguerite Duras, Livre Inter, et Wepler) mais aussi pour ses nouvelles ou autres romans. Il est aussi très engagé, et a par exemple reversé les droits d’auteurs de ce livre pour les sinistrés turco-syriens suite au séisme de 2023.

Ce livre peut dérouter par sa forme de vers libres, qui met en scène un vieux poète et professeur syrien, dans son pays dévasté. Tout en racontant sa vie, il nous relate les errements de la Syrie et de ses dirigeants El-Assad, père et fils, et la folie de Daesh. Les premières pages nous livrent son quotidien qui est de plonger dans le lac el-Assad, qui a ensevelie son village et son passé, pour tenter de retrouver ses souvenirs.

Ce poète « vieux-fou/vieux sage », raconte sa vie, sa famille, ses rencontres, son opposition au régime, et le prix qu’il en a payé. Il nous met en face du Mal ambiant, et nous transmets ce qu’il a perdu, et son obstination quotidienne à le retrouver, dans une vision proche de Camus. 

Ce lac est un ouvrage du dictateur père, mais qui est à ce moment-là pris par Daesh qui menace de faire sauter le barrage. Ce monde syrien est dans le chaos, où conflits et atrocités entre des fous islamistes et un dictateur fou, sont relatés avec la cruauté des faits, mais aussi dans une certaine discrétion.

L’auteur mène ce récit intense et poétique avec brio où le monologue de ce vieil homme confronté à son désastre et celui de son pays, nous amène dans sa remémoration fraternelle, dans une humanité, peut-être contrainte mais bien réelle, où la beauté de la poésie lui donne une survie.

C’est un livre émouvant, surprenant, qui nous séduit et nous bouscule en nous faisant vivre ce que de nombreux syriens ont pu vivre durant ces dernières années, à l’image d’autres peuples avant et depuis. C’est une résistance intérieure, un cri dont l’auteur nous fait l’écho, avec force, sensibilité et beauté de la poésie.

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