Contribution La Griffe Aquitaine

Rubrique Métaphysique

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲△△△

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Je choisis cet exergue étrange pour illustrer la prose inimitable de ce très grand philosophe contemporain au nom imprononçable – il faut dire « sloterdaïk ».

J’ai lu une dizaine de ses livres, depuis l’opuscule de 1999 au titre énigmatique et un peu effrayant de « Règles pour le parc humain », qui explorait la tension à laquelle il voit soumis l’être humain, entre « les tendances qui bestialisent et celles qui apprivoisent ».

 « Faire parler le ciel » s’intéresse au phénomène religieux vu à la fois du sol, au ras de l’histoire des hommes, et de très haut dans le ciel des idées.

Mais ce qui frappe en ouvrant ses livres c’est qu’on est d’abord happé par le style, je ne sais jamais si c’est le fait de la traduction depuis l’allemand ou non – coup de chapeau au passage au traducteur qui s’appelle Olivier Mannoni – une faconde savante à tonalité technico-littéraire, du genre je cite : « Avec sa théorie de la prédestination, Augustin déclenche une avalanche qui ensevelit pour un millénaire et demi l’Europe : l’avalanche du masochisme ontologique», style poético-savant, déstabilisant et parfois désopilant, très « tongue in cheek » - « langue dans la joue » – comme disent les anglais pour dire notre « pince-sans-rire ».

Le fait est qu’on rit parfois mais que ça pince souvent.

Exemple : « Il a fallu attendre Marie pour apprendre plus de détails sur une mère de Dieu ».

Ou encore : « la parole produit un phénomène autoplastique, car sans la parole et la psalmodie, les larynx humains n’auraient pu voir le jour » Langue dans la joue, mais aussi dans le larynx ! On a le droit de relire certaines phrases trois fois !

Et puis il y a parfois aussi, mine de rien, des bombes à fragmentation enluminées dans cette écriture policée et néo-universitaire : « le secret du christianisme médiéval, la haine des juifs, se dissimulait à la surface de la religion qui prêchait l’amour ».

Lire Sloterdijk est une vraie entreprise. On s’y attelle et elle nous rapporte.

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