Contribution La Griffe Aquitaine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

« Le livre le plus intelligent écrit sur la Russie par un étranger », écrivait Herzen en 1843. De fait, cette narration est reconnue comme le pendant de la célèbre description d’Alexis de Tocqueville de la société américaine. Cette lecture fait suite à mes nombreux séjours en Russie, tant touristiques que professionnels. Les événements en Ukraine ont réveillé en moi le désir d’approfondir mon expérience de l’énigme Russe, véritable modèle de soumission et de résignation face à la tyrannie d’un pouvoir.

La fréquentation des divers musés, théâtres et hôpitaux laisse percevoir une culture immense, profonde, architecturale, musicale et littéraire, contrastant avec une sensation d’être confronté à une réserve permanente de la population toujours sur ses gardes. L’auteur raconte son voyage sous le régime des tsars, été 1839, dont ce livre témoigne dans un style alerte, brillant, au jour le jour, d’une rencontre à l’autre.

Le trait dominant est l’obéissance d’un peuple « qui prend le faste pour de l’élégance, le luxe pour de la politesse, la police et la peur pour les fondements de la société ». Être discipliné est être civilisé, chaque personne doit sa naissance, sa vie et sa mort à sa patrie. « Les russes sont des chinois déguisés, des imitateurs donc des observateurs de talent, talent qui dégénère souvent en un espionnage assez bas. La défiance des gens à quelque classe qu’ils appartiennent vous avertit de vous tenir sur vos gardes ».

Le danger n’a d’égal que la peur qu’inspire l’étranger. Enfin, et pour conclure cette passionnante lecture, je livre à votre connaissance un petit poème cité en fin d’ouvrage : « Un habile cocher menait un équipage, avec quatre chevaux deux à deux accouplés. Après les avoir attelés, en les guidant, il leur tint ce langage : ne vous laissez pas devancer, disait-il à ceux de derrière, ne vous laissez pas dépasser, ni même atteindre en si belle carrière, disait-il à ceux de devant, qui l’écoutaient le nez au vent.

Un passant en cette occurrence, lui souffla : vous trompez ces pauvres chevaux. Il est vrai, reprit-il, mais la voiture avance ». Œuvre d’une actualité saisissante.

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