DESCARTES-LE MIROIR AUX FANTÔMES
Contribution La Griffe Aquitaine
Rubrique Métaphysique
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Les adeptes des Rencontres Ecossaises ont certainement gardé du philosophe Robert Redeker l’image d’un petit monsieur à la faconde intarissable, insensible aux signaux désespérés des organisateurs tentant d’abréger sa conférence, qu’il avait, dans sa passion d’être là, assimilé à une causerie au coin de sa cheminée occitane.
C’est qu’il nous parlait de l’âme, ou plutôt de l’oubli de l’âme, au sens où Heidegger, qu’il vénère pour avoir parcouru quelque temps en sa compagnie philosophique les fameux chemins qui ne mènent nulle part, parla lui de « l’oubli de l’être ».
Il nous parlait aussi déjà de Descartes, sujet principal du présent livre qui était alors en gestation, un livre qui sera indispensable aux neuf dixièmes de la population qui croient que Descartes était cartésien, comme le seraient à sa suite devenus tous les français, peuple censément raidi dans la logique calculante et la raison raisonnante, et donc insensible au charme de la « vraie vie ».
Mais Marx n’était pas marxiste, pas plus que De Gaulle n’était gaulliste.
C’est donc la figure rafraichissante du vrai Descartes, escrimeur, rêveur autant que mathématicien et métaphysicien que Redeker ressuscite dans son Descartes, dont il nous explique avec des mots simples en quoi son génie fit un pivot définitif vers la philosophie moderne, ce qu’on entend souvent sans parfois comprendre pourquoi.
Il nous dit ensuite comment ce pivot fut malencontreusement aussi celui de la porte ouverte à tous les « dé constructeurs » dont nous avons subi le déferlement ces dernières décennies et contre lesquelles, fidèle à lui-même, il vitupère, avec parfois la pointe d’excès qui fait son charme.
Mais il saisit surtout comment Descartes identifiait la transcendance à un bastion inexpugnable de notre nature humaine, position que Redeker défend à son tour avec vigueur à l’encontre de l’anomie de l’air du temps, pour laquelle il n’a pas de mots assez durs. Ce livre devient alors le guide utile pour s’égarer dans les hauteurs cristallines platoniciennes et les montagnes escarpées de Nietzche, où il nous arrivera même de croiser les figures inattendues de Napoléon ou de Sancho Pança.
On ne s’ennuie jamais, ce n’est ni abscons ni prétentieux même si c’est relevé parfois ; on aime reconnaitre le visage d’un philosophe sincère, c’est-à-dire, selon ses propres mots : d’un « moniteur ».